Avant l'assaut, le refuge était un endroit où les veuves de la guerre qui avaient eu beaucoup de difficultés s'étaient retrouvées. Certaines d'entres elles avaient tout perdu. Voila que maintenant elles ont perdu le seul gîte qu'il leur restait.
Durant l'attaque du Démon, des vandales avaient lancé des objets enflammés à l'intérieur de la résidence. Claudia, la tenancière, se dépêcha de faire descendre toutes les femmes et enfants à la cave. Le refuge s'effondra sur elles, les laissant prisonnières sous un tas de débris fumant. Claus, inquiet pour la sécurité des résidents, s'était lancé dans une fouille en compagnie de plusieurs autres soldats. C'est là que le démon l'avait attaqué de front : il dut se battre seul à seul contre lui. Le combat fut ardu, bien qu'il triompha, il fut grièvement blessé.
L'on avait totalement dégagé les fondation des débris de l'incendie. Plusieurs dizaines d'ouvriers s'affairaient à la reconstruction de l'endroit, financé en faible partie par l'état et de l'argent restant de l'héritage de Claudia. Elle n'aurait par contre plus rien pour faire vivre ses pensionnaires... Claudia était une femme de tête. Ayant perdu son mari alors qu'ils étaient nouvellement mariés, elle n'avait jamais eu d'enfants. Elle fit le voeu de rester seule et s'occuper des veuves de la guerre et des orphelins.
Les femmes et enfants logèrent dans la Cathédrale, attendant patiemment que les travaux soient terminés. Claudia avait demandé le gite à une tante éloignée qui vivait seule. Elle en profitait pour soigner Claus. Même si tout cela l'épuisait, elle ne le laissait jamais paraitre.
Lorsqu'elle reçu la carte lui disant "De tout mon coeur", elle se questionna sur la provenance du message. Elle trouva dans l'enveloppe des pétals de rose rouge. "Qui pourrait bien ..?" Elle cacha la lettre dans son tablier lorsque Claus se réveilla. Il ouvrit les yeux, crispant le visage de douleur. Il était totalement vulnérable, il n'aimait pas cela. Claudia essora un linge propre et lui déposa sur le front
- Ne bouge pas, tu sais que tu ne dois pas essayer de t'asseoir tant que la plaie ne sera pas refermée..
Malgré son armure magique, Claus avait été touché par une griffe du démon directement dans l'aine, protégée simplement par de la cotte de mailles. La puissance du coup était tel que ce n'est pas la cotte qui a cédée, mais sa chair en dessous. Il avait continué à se battre malgré la douleur, l'adrénaline avait pris le dessus. C'est lorsque tout fut terminé qu'il tomba raide sur le sol, c'était insuportable.
De la sueur perla sur son front : il luttait toujours contre son mal. Claudia lui prépara une mixture d'herbes
Il ferma les yeux et hocha la tête
- Non.. je ne veux pas.. Arrête de me donner ce truc! Je suis capable de soutenir cette douleur.. Je ne suis pas faible!
Il devenait agressif dans ses paroles, lui qui n'avait jamais haussé le ton face à Claudia. Elle restait patiente malgré tout et continuait d'insister jusqu'à ce qu'elle réussisse à lui administrer la mixture de force.
La douleur s'estompa, les sueurs cessèrent. Il devint plus calme.
- Maintenant repose toi Claus, j'ai à faire. Tu devrais être soulagé jusqu'à mon retour. Je te promet de revenir rapidement.
Elle vérifia son pansement avant de le couvrir. Elle n'avait plus rien, ses seuls vêtements étaient ceux qu'elle portait présentement et quelques uns que sa tante lui avait donné. L'hiver approchait, elle s'était trouvée une petite cape suffisamment chaude pour ne pas attrapper froid. Elle sortit sans faire de bruit.
Elle se dirigea vers le refuge. C'est là qu'elle aperçut les ouvriers à l'oeuvre. Elle n'en cru pas ses yeux. Le contremaitre qu'elle avait engagé n'avait pas encore reçu son paiement, il ne pouvait pas commencer les travaux. Qui aurait payé une somme aussi extravagante pour permettre à autant de gens de lui venir en aide. Elle sortit la carte de sa poche et la regarda puis regarda la bâtisse. Elle se dirigea vers un ouvrier pour le questionner. Aucun d'entre eux ne savait qui était le patron, seulement que le paiement était généreux et qu'il avait ordonné que tout soit fait dans les plus brefs délais. Malgré cela, elle ne croyait pas ce qui se passait devant elle. "Qui que vous soyez, merci"..